Vers une nouvelle crise bancaire – Part III

Vers une nouvelle crise bancaire – Part III

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Pour la première fois, depuis le mardi 27 avril, la dette d’Etat d’un pays de la zone euro est notée comme un « junk bond », une obligation « pourrie », littéralement. Déclenchant une tempête sur les marchés mondiaux, tempête dont l’épicentre est l’Europe. Craignant une contagion de la crise grecque aux emprunts d’Etats espagnols, portugais, italiens, les marchés européens ont dévissés d’environ 15,5% en moins de deux semaines.

Il est certes légitimes de s’interroger sur les intérêts en jeux dans la brutalité de cette correction : Standards and Poors, agence de notation américaine, a en effet dégradé de trois crans d’un coup la note de la solvabilité de l’Etat Grec le même jour, sans information nouvelle sur l’endettement grec.

Ainsi, les institutionnels, dont les règles prudentielles interdisent la détention de « junk bonds », ont été contraints de vendre immédiatement sur le marché la totalité de leurs titres – créant un fort mouvement de fuite des marchés.

Et ce mouvement de survente fut encore aggravé par l’abaissement conjoint, deux jours plus tard et par la même agence , des notes de l’Espagne et du Portugal…créant une véritable panique sur les marchés financiers.

Comment faire pire…?

Y aurait-il un lien avec le fait que, le 26 avril (veille de la dégradation de la note grecque), la SEC (gendarme des marchés américains) annonce le démarrage d’une enquête pénale à l’encontre de la surpuissante banque d’affaire Goldman Sachs, en même temps que Barack Obama affirme sa volonté de règlementer les marchés financiers…? D’aucuns pourraient le penser.

 


Les marchés intègrent les risques du surendettement des Etats des pays développés

L’une des conséquences majeures de la crise 2007/2009 est en effet l’accroissement historique de l’endettement des Etats des pays développés, du fait du financement des plans de sauvetages des banques, des plans de relance, etc…

L’endettement mondial des Etats a augmenté de plus de 50% en deux ans. Il représentent aujourd’hui plus de 80% du PIB mondial attendu pour 2010 – et les émissions de dettes continuent…

Le risque de défaut de paiement sur des dettes souveraines d’Etats de pays développés est un risque absolument nouveau pour les marchés, risque dont nul n’appréhende vraiment les conséquences potentielles. D’oû la panique écente des marchés.

L’autre facette de cette situation est le très faible endettement des pays émergents (Chine, Brésil, Russie, Inde), qui disposent de reserves de changes historiques, et d’une croissance économique extrêmement forte. L’Etat russe, par exemple, est endetté à moins de 5% de son PIB; le Brésil a rembourseé 40% de sa dette extérieure pendant la crise, et dispose de réserves supérieure de 4 Mds USD à sa dette d’Etat, etc…

 


Une réaction historique des Etats européens face à la spéculation et à l’endettement souverain

En réponse à ces craintes, durant la nuit dernière, les Etats européens ont annoncé la création d’un Fonds Monétaire Européen, pour un montant de 600 Milliards d’euros, permettant à la commission européenne, au FMI, et aux Etats membres d’apporter leurs garanties aux Etats européens particulièrement fragilisés par la crise.

Le recours à cette enveloppe s’accompagnera naturellement de contrôle particulièrement accrus, et de rigueur budgétaire pour les Etats qui en feraient la demande.

Il s’agit d’un pas de géant, réalisé dans l’urgence, mais d’un pas de géant vers une gouvernance économique européenne.

Nous verrons dès aujourd’hui l’accueil que lui feront les marchés financiers mondiaux.

En outre, en réponse aux attaques spéculatives, les réflexions concernant la création d’un agence de notation indépendante européenne s’affermissent, ainsi que la volonté concertée de Sarkozy, Obama, Merkel, de mener des enquêtes judiciaires et de procéder à toutes les sanctions pénales requises contre les fauteurs d’une « activité anormale des marchés ».

Nos choix forts d’allocation depuis janvier 2010 – 1) small et mids cap de pays émergents et USA, large sous-pondération de l’Europe (à peine 6% de nos portefeuilles); 2) obligations de pays développés peu endettés (Suède, Australie) et surtout de pays émergents -, ainsi que notre capacité à couvrir rapidement nos portefeuilles, nous ont permis de ne presque pas subir la forte chute récente des marchés. Ayant largement anticipés ces mouvements, nous ne modifions pas nos portefeuilles.

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