La technologie reprend le leadership

La technologie reprend le leadership

Les grands indices ont nettement rebondi au mois de mai, de respectivement +4.8% pour le S&P500 et +3.1% pour le STOXX600 après une correction au mois d’avril, déclenchée par la crise au Proche-Orient et des propos laissant entendre qu’une baisse des taux était prématurée.


1- Macro-économie

Les rendements obligataires sont restés relativement stables des deux côtés de l’Atlantique avec un rendement à 10 ans US autour des 4.50% et une OAT à 10 ans à 3% après des données d’inflation plutôt rassurantes aux Etats-Unis, dont un CPI US (évolution des prix à la consommation) avec un rythme de progression en baisse (3.6% contre 3.7%) tandis que les chiffres de création d’emploi mensuel au titre d’avril sont ressortis au plus bas depuis le début de l’année à 175k.

En Europe l’inflation semble plus résiliente et à un niveau relativement bas, ce qui devrait permettre à la BCE de baisser ses taux au mois de juin. Néanmoins, le principal enjeu est de savoir à quel rythme ces baisses de taux pourraient se poursuivre. Aux Etats-Unis, le consensus à propos du pivot de la politique monétaire s’est encore déplacé de septembre à décembre, malgré les premiers signes de ralentissement de l’économie américaine, car le niveau d’inflation est encore trop élevé pour que la FED entame un vrai cycle de baisses de taux.

La croissance économique US demeure forte avec une perspective de croissance pour 2024 maintenue à 2%, des créations d’emploi encore significatives pour l’instant et des indicateurs avancés (PMI) toujours positifs. La consommation des ménages reste solide malgré la baisse de l’épargne, et l’assouplissement des conditions financières par la FED (moindre réduction du bilan de la FED et hausse des marchés financiers -beaucoup d’américains investissent régulièrement en bourse) favorise la confiance dans l’économie. A noter quand même les premiers signes de ralentissement avec un ISM manufacturier (mesure de la tendance du secteur industriel US) en contraction et inférieur aux attentes.

En Europe, la croissance économique, plus faible qu’aux US, est également bien orientée pour les mois à venir avec des PMI au plus haut et une perspective d’assouplissement monétaire à court terme, même si des incertitudes subsistent à propos de l’amplitude et du rythme de ces baisses de taux.

La hausse des marchés actions européens est tirée par quelques secteurs / thématiques. En premier lieu les valeurs financières -en particulier les Banques-, les valeurs industrielles (Biens d’équipements) et l’Aéronautique & Défense. Le moteur de la hausse des valeurs financières reste lié à la valeur : les banques sont très attractives en termes de valorisation, avec des dividendes élevés. La dynamique haussière de ce secteur provient également des taux longs, relativement élevés, qui permettent la restauration de marges bancaires confortables. La géopolitique est également un facteur favorisant l’industrie de la défense européenne en raison de l’agression russe et du découplage croissant avec la Chine. Le Luxe est maintenu sous pression du fait (a) de la faible demande sur le marché chinois et (b) de la guerre commerciale qui s’intensifie sur le secteur automobile entre la Chine et l’Occident avec des impacts (effet de rétorsion) qui touchent déjà le secteur Boissons et pourraient s’étendre à l’industrie du Luxe.

Aux Etats-Unis, le mois de mai a été marqué par les résultats de Nvidia qui a une nouvelle fois publié des résultats et des perspectives nettement supérieures aux attentes. Ces chiffres ont entrainé une nouvelle impulsion haussière du secteur des Semiconducteurs et de la thématique IA. En conséquence, le Nasdaq a repris le leadership de la hausse, affichant une progression de +6.3% en mai après un mois d’avril correctif.

Notre Market Pressure Index se situe à 48, en zone favorable pour les actions (< à 50), conforté par un régime de volatilité revenu vers les plus bas. Le Spread Momentum (différence entre le % valeurs haussières et le % de valeurs baissières) se situe à un niveau élevé à +56 pour les valeurs européennes (STOXX600) et à +40 pour les valeurs US (S&P500). Pour mémoire, l’indicateur Spread Momentum est attendu à +30 minimum pendant les phases haussières des marchés.

70% des titres du STOXX600 et 55% des titres du S&P500 sont en tendance haussière contre à peine 20% à fin octobre 2023, illustrant bien la différence de dynamique entre les deux périodes.

 

2- Les marchés par grandes régions

La tendance reste haussière à moyen terme sur les Etats-Unis, le Japon et l’Europe. Les performances sont assez équilibrées entre les 3 zones, avec quelques rotations entre valeurs technologiques/croissance et valeurs cycliques depuis le début de l’année.

Au Japon, la hausse de l’indice en mai a été moins marquée (+1.2%) qu’en Europe et aux US. La dynamique positive demeure liée aux valeurs bancaires et industrielles qui bénéficient de la baisse du Yen et de la reflation (*) en cours, qui pourrait permettre au Japon de sortir de plusieurs décennies de déflation (baisse des prix, de l’activité économique et des salaires).

En Europe, les faibles valorisations de l’indice Stoxx600, les attentes de baisse des taux par la BCE dès le mois de juin et l’amélioration des perspectives économiques (indicateurs PMI en hausse) constituent les principaux catalyseurs de la dynamique haussière actuelle.

En ce qui concerne les pays émergents, la Chine passe en tendance neutre (ETF iShares MCHI-US) suite au rebond de l’indice à court terme supporté par plusieurs données économiques meilleures que prévu et des rumeurs de plans de relance. La Chine soutient son activité mais sans véritable plan global de relance. Le renfort aux marchés actions et la baisse de certains taux directeurs vont dans le bon sens mais semblent insuffisants pour relancer la croissance, ce qui pèse sur différents secteurs (Luxe, Agro-alimentaire & Boissons, Automobile allemande). Par ailleurs, la guerre commerciale qui s’amplifie avec les Etats-Unis -et peut-être bientôt l’Europe- représente un risque pour l’économie chinoise.

 

3- Secteurs et thématiques

A côté des rotations sectorielles de court/moyen terme, certaines tendances haussières lourdes « Megatrend » se sont confirmées au mois de mai.

La thématique de l’IA a été en particulier réactivée après les résultats de Nvidia, et s’étend à un certain nombre de sous-secteurs qui concernent notamment les infrastructures pour les data centers (serveurs dédiés à l’IA, systèmes de refroidissement des puces à haute performance, équipements dédiés à l’optimisation de la consommation électrique…).

Une autre thématique très performante au mois de mai a été celle du nucléaire. De l’exploitation de gisements d’uranium jusqu’à la production d’électricité nucléaire et les concepteurs de centrales, tous bénéficient actuellement d’un engouement des investisseurs pour le nucléaire qui considèrent ce dernier comme une technologie de transition adaptée entre énergies fossiles et énergies renouvelables.

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La tendance haussière de moyen terme demeure intacte. L’Europe a pris le leadership sur les Etats-Unis avec une plus grande participation au momentum haussier et une légère surperformance à fin mai. A l’inverse, la participation s’est dégradée sur les marchés US avec une re-concentration des flux autour de la thématique IA et des Semiconducteurs.

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