L’assouplissement monétaire américain au cœur de la dynamique haussière

L’assouplissement monétaire américain au cœur de la dynamique haussière

1- Macro-économie et géopolitique

États-Unis

L’économie américaine a poursuivi son ralentissement graduel en septembre, avec des signaux contradictoires qui ont néanmoins permis à la Réserve fédérale (FED) d’amorcer son cycle d’assouplissement monétaire. La création d’emplois s’est révélée particulièrement décevante avec seulement 22 000 postes créés dans le secteur non agricole, bien en deçà des attentes, accompagnée d’une révision massive à la baisse de 911 000 emplois sur les mois précédents. Cette dégradation du marché du travail s’est traduite par une hausse des inscriptions hebdomadaires au chômage à 263 000 contre 235 000 attendues.

Paradoxalement, cette faiblesse de l’emploi n’a pas généré de panique sur les marchés, les investisseurs y voyant plutôt la confirmation d’une baisse de taux de 25 points de base lors de la réunion du 17 septembre, anticipée avec une probabilité de 99%. L’inflation est restée globalement maîtrisée, l’indice des prix à la consommation ressortant en ligne avec les attentes, bien que la composante logement ait contribué à la hausse des prix en août. L’indice des prix à la production a surpris favorablement à 2,6% en rythme annuel contre des attentes plus élevées.

Après avoir effectivement baissé les taux de 25 points de base, J. Powell s’est montré prudent concernant l’ampleur des futures baisses de taux, n’anticipant que deux nouvelles réductions en 2025 contre quatre espérées par les marchés (2 en 2025 et 2 en 2026). Il a également exprimé des préoccupations sur les valorisations « relativement élevées » des marchés actions, un signal d’avertissement inhabituel qui a déclenché de faibles corrections sur certaines thématiques ayant fortement progressé cet été. Les récentes données macroéconomiques ont cependant rassuré avec une croissance du PIB du deuxième trimestre révisée à 3,8% contre 3,3% initialement.

Europe

La zone euro a bénéficié d’un environnement monétaire plus prévisible que celui des États-Unis. La Banque centrale européenne a maintenu ses taux directeurs à 2%, considérés comme un point d’équilibre dans les conditions macroéconomiques actuelles. Cette stabilité monétaire a contribué à l’attractivité relative des actifs européens face aux incertitudes américaines.

La situation politique française a constitué le principal facteur de risque pour la zone euro en septembre. En début de mois, la chute du gouvernement français n’a pas surpris les marchés mais a ravivé les inquiétudes sur la capacité du pays à voter un budget et à réduire ses déficits. La dégradation de la note française par Fitch de AA- à A+ avec perspective stable n’a pas eu d’impact majeur sur les indices, cette révision étant déjà largement intégrée dans les rendements obligataires et les spreads (écarts) de taux, notamment avec le Bund allemand.

Les marchés ont considéré ces risques comme spécifiques à la France plutôt que systémiques pour la dette européenne, d’autant que la BCE dispose des outils nécessaires pour stabiliser la situation si nécessaire. Les investisseurs semblent anticiper la formation d’un gouvernement de centre-gauche plutôt qu’une dissolution de l’assemblée nationale.

Asie

Les producteurs asiatiques continuent d’absorber en partie l’impact des droits de douane américains instaurés durant l’été, évitant pour l’instant une répercussion massive sur les prix à la consommation américains. Le Nikkei 225 japonais a établi de nouveaux records historiques pour clôturer au-dessus de 45 000 points le 15 septembre, soutenu par l’engouement pour l’intelligence artificielle et les partenariats technologiques, notamment entre Hitachi et OpenAI qui ont propulsé les valeurs de semiconducteurs. Cependant, l’économie chinoise a montré des signes de faiblesse avec une production industrielle qui n’a progressé que de 5,2% en août contre 5,7% attendu, et un taux de chômage atteignant 5,3%, son plus haut niveau en six mois.

Enfin, l’indice Hang Seng (bourse de Hong Kong) a enregistré des performances remarquables en septembre 2025, progressant de plus de +5% en septembre pour atteindre un plus haut de 4 ans, toujours porté par la dynamique autour de l’intelligence artificielle et les solides performances des valeurs technologiques chinoises.

2- Les marchés par grandes régions

Marchés US – Records historiques et appétit pour le risque maintenu

Les indices américains ont réalisé des performances remarquables en septembre, établissant de nouveaux records historiques malgré les préoccupations économiques sous-jacentes. Le S&P 500 et le Nasdaq ont bénéficié d’un appétit pour le risque particulièrement élevé, illustré par la surperformance continue du Russell 2000, indice des valeurs moyennes.

Cette dynamique haussière s’est appuyée sur plusieurs facteurs convergents : la baisse des rendements obligataires suite à l’assouplissement monétaire, l’accélération des investissements dans l’intelligence artificielle (IA) et l’afflux de liquidités mondiales résultant des baisses de taux engagées par la majorité des banques centrales. La volatilité est demeurée modérée avec un VIX autour de 15, témoignant de la confiance des investisseurs.

Les valeurs moyennes ont particulièrement brillé, portées par les thématiques technologiques émergentes comme l’Informatique quantique et les technologies d’Energies renouvelables. Cependant, cette dynamique s’est accompagnée d’une fragmentation au sein de différents secteurs. Les marchés opèrent une sélection croissante entre les gagnants et les perdants au sein des différentes thématiques, notamment autour de l’IA, le stock picking reprenant ses droits après une période dominée par les mouvements sectoriels.

 

Europe – Résilience confirmée et rebond des secteurs moteurs

Les marchés européens ont fait preuve d’une remarquable stabilité face aux turbulences politiques françaises. Après une courte phase de consolidation, les secteurs moteurs comme les Banques et l’Aéronautique & Défense ont retrouvé leur dynamique haussière. Le secteur bancaire européen a particulièrement rebondi avec une progression de +4% sur une semaine, démontrant la résilience du secteur face aux incertitudes politiques.

Cette performance s’explique par des fondamentaux solides : les banques européennes continuent de bénéficier de marges d’intérêt reconstituées grâce aux taux encore élevés, dans un contexte de risque (défaillance d’entreprises, remontée du chômage) qui demeure contenu au niveau européen. Le secteur de la Défense a également profité de rumeurs de regroupements industriels telle la création d’un groupe européen réunissant les grands fabricants de satellites (Airbus, Thales et Leonardo) et d’opérations de consolidation en Allemagne.

Les valeurs de Semiconducteurs ont amorcé un retournement haussier dans le sillage d’ASML, proche de donner un signal d’achat moyen terme, tandis que certaines valeurs du Luxe comme Kering ont poursuivi leur fort rebond court terme. Enfin l’Europe bénéficie de valorisations beaucoup moins tendues qu’aux États-Unis avec un PER de 14 fois les bénéfices par action 2026.

 

3- Secteurs et thématiques

Intelligence artificielle – Entre maturité et spéculation

Le secteur de l’IA a connu des mouvements contradictoires en septembre. D’un côté, les valeurs établies comme Oracle ont confirmé leur statut de gagnants avec un carnet de commandes en hausse de 455%, probablement lié à un contrat de 300 milliards de dollars sur cinq ans avec OpenAI. Cette annonce a positionné Oracle comme l’un des principaux bénéficiaires de l’inférence, nouvelle phase de développement de l’IA.

De l’autre, certains segments ont fait l’objet de prises de bénéfices significatives. Les thématiques IA/Logiciels ont globalement reculé avec des baisses sur des titres emblématiques comme Palantir, SAP ou Salesforce, tandis que d’autres comme Autodesk revenaient sur leurs plus hauts historiques. Cette sélectivité croissante traduit une maturation du secteur où les investisseurs distinguent de plus en plus précisément les gagnants des perdants potentiels.

 

Secteurs énergétiques et traditionnels en renaissance ?

Les secteurs énergétiques ont connu un regain significatif en septembre. Les valeurs d’énergie liées aux datacenters se sont fortement retournées à la hausse suite aux annonces de méga-contrats sécurisés par les hyperscalers (Amazon Web Services, Microsoft Azure, Google Cloud). Cette tendance devrait se poursuivre au rythme des annonces dans le domaine énergétique.

En Europe, les valeurs d’Énergie ont également bénéficié d’un regain de momentum, notamment dans les pays du Sud comme l’Espagne et l’Italie, portées par des conjonctures plus favorables et les pénuries potentielles de pétrole et gaz russes. Les Services aux collectivités européennes, particulièrement ceux exposés aux énergies renouvelables, ont également bien performé.

Le secteur de l’Assurance, après une correction de faible intensité depuis la miaoût, semble avoir terminé sa consolidation et repart à la hausse. Les Ressources de base ont bénéficié d’annonces de fusions et d’incidents industriels, tandis que les valeurs d’acier comme ArcelorMittal ont profité du plan de relance allemand et des perspectives de reprise européenne

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